Vanessa vit au Canada et a déjà porté deux enfants pour le même couple de papas. Au moment où nous l’avons rencontrée, les deux papas et leur première fille viennent d’arriver au Québec. Dans quelques semaines, leur deuxième enfant va en effet naître.
L’histoire de Vanessa est celle d’une démarche profondément humaine, éthique et remplie de générosité, qui permet à des parents de réaliser leur rêve.
Qui es-tu, Vanessa ?
J’ai 39 ans. Je suis en couple depuis 15 ans et maman d’un fils de 9 ans et d’une belle-fille de 19 ans.
Je suis porteuse pour la deuxième fois, et c’est pour le même couple d’hommes que j’ai choisi de me lancer à nouveau.
Comment as-tu décidé de devenir porteuse ?
Au départ, je pensais le faire uniquement pour un membre de ma famille. Ma sœur a eu des difficultés à avoir son enfant et a donc suivi des traitements de fertilité. J’avais commencé à me renseigner pour porter pour elle, mais finalement, elle est tombée enceinte.
Ce projet n’est pas une démarche personnelle, mais un vrai projet de famille où mon mari et moi avons toujours voulu être transparents avec nos enfants. Ainsi, quand mon fils a eu 6 ans, je me suis dit qu’il était assez mûr pour comprendre et être ainsi impliqué dans un projet avec des parents extérieurs à notre famille. Je me suis sentie prête à me lancer.
Et la rencontre avec Guillaume et Renaud ?
Je suis passée par une agence spécialisée au Canada. Tout est très encadré par la loi.
L’agence m’a montré plusieurs couples à travers des vidéos où chacun racontait son histoire et ses valeurs.
C’est un peu comme un profil de “dating” : il faut trouver le “match” parfait.
Nous avons échangé très rapidement après, et ce fut instantané avec Guillaume et Renaud !
Comment as-tu vécu ces deux grossesses ?
Chacune a été un véritable cadeau. Déjà, nous avons eu beaucoup de chance : les deux transferts ont fonctionné dès le premier essai. La grossesse de Madeline, née en avril 2023, s’est parfaitement déroulée, sans complication. L’accouchement a été une expérience magnifique : les deux papas étaient présents et pleinement impliqués.
Pour moi, c’était essentiel qu’ils vivent chaque instant car c’est eux qui vont accueillir l’enfant. Pour le deuxième bébé, nous avons suivi le même protocole et tout s’est également très bien passé.
Quel lien entretiens-tu avec les enfants et les papas ?
Au début, j’ai eu des craintes naturellement sur la relation après la naissance, mais nous avons travaillé pour qu’elle perdure. Avant le transfert, nous avons passé une semaine ensemble dans un chalet au Québec pour mieux nous connaître et créer une vraie relation de confiance.
Aujourd’hui, nous avons un rythme de communication stable : des appels chaque dimanche et des messages réguliers depuis bientôt 4 ans. Nous essayons de nous voir au moins une fois par an, en alternance entre le Canada et la France. Avec Madeline, même si elle n’a que deux ans et demi, il existe une connexion très spéciale entre nous.
Quel message aimerais-tu partager à celles qui envisagent de devenir porteuses ?
C’est une aventure qui implique tout : le corps, la famille, le quotidien. Mais si vous sentez que cela résonne en vous, foncez. C’est une expérience humaine unique, qui m’a fait énormément grandir. Les défis existent, mais le positif est immense. Pour moi, c’est l’une des plus belles expériences de ma vie.
Un dernier mot ?
Je ne suis pas la mère biologique de ces enfants, je suis simplement celle qui les a portés, le petit four qui les a protégés et accompagnés jusqu’à la naissance.
Cette distinction est essentielle pour moi. Je souhaite que cette histoire mette en lumière le rôle des porteuses, trop souvent méconnu. Au Canada, tout est fait de manière humaine et éthique. Les femmes sont évaluées sur leur stabilité, leur santé et leur motivation. C’est une expérience magnifique, qui permet à des parents de devenir une famille. Et je suis reconnaissante maintenant de pouvoir faire partie de la leur.