Peux-tu te présenter ?
Je suis Elise, j’ai 37 ans, je suis mariée à Céline, l’amour de ma vie, que j’ai rencontré en août 2019. Nous nous sommes mariées en 2021, et le 22 octobre 2022 notre petit Ambroise est venu agrandir notre foyer.
Nous vivons dans le Nord bien que nous soyons originaires de Bretagne et de Normandie.
Peux-tu présenter la configuration de ton foyer, ton parcours pour fonder cette famille ?
Ma famille est composée de Céline, de notre fils Ambroise et de nos deux chats. Nous nous sommes rencontrées en Normandie et avons migré dans le Nord pour des raisons professionnelles. L’opportunité de travail en Belgique pour ma femme nous a permis d’engager notre parcours PMA à Charleroi.
Nous avons débuté notre parcours en janvier 2021, nous avions d’abord pris rendez-vous à Mons (Belgique) mais nous avions eu un très mauvais feeling avec le gynécologue. En février 2021, nous nous sommes donc dirigées vers Charleroi et tout s’est très bien déroulé, la gynécologue est très humaine et professionnelle. En effet, nous avons eu besoin de chirurgie suite à quelques petits problèmes médicaux. Nous avons pu faire notre 1er essai en décembre 2021 qui fut un échec, le second en janvier 2022 nous a offert notre Ambroise.
Quel a été selon toi le plus gros obstacle que tu aies rencontré pour en arriver là ?
Quand nous étions en Normandie, nous avions pris rendez-vous dans un centre génétique car dans la famille de Céline, il y a une maladie génétique rare. Avant de commencer notre PMA, nous voulions nous assurer que Céline n’était pas porteuse. Le centre de génétique de Rouen (France), n’a pas voulu faire ce test car il n’y avait pas de père dans notre projet de parentalité. C’était clairement de l’homophobie.
Dès que nous avons eu rdv à Charleroi, la gynécologue a fait passer à Céline tous les tests génétiques. Il s’avère qu’elle est porteuse et nous avons donc pu avoir un donneur testé et donc non porteur de la pathologie.
As-tu rencontré des difficultés au quotidien, en rencontres-tu encore ?
Nos inséminations ont eu lieu après la promulgation de la loi bioéthique, j’ai ainsi pu déclarer Ambroise en mairie lorsqu’il est né. Toutefois, j’ai rencontré des difficultés lors de sa déclaration car les agents d’état civil n’étaient pas au clair avec la loi et leur logiciel n’était pas mis à jour, mais tout est rentré dans l’ordre. Certaines personnes nous parlent encore de « père » au lieu de donneur. Mais aujourd’hui, nous ne rencontrons aucune difficulté avec notre famille.
Quels conseils donnerais-tu pour rassurer de futurs parents qui auraient des réticences à se lancer dans l’aventure d’une parentalité LGBTQIA+ ?
C’est comme pour beaucoup de grands événements dans la vie, il faut le sentir. Il faut savoir où on s’engage, que ça peut être long et semé d’embûches. Il y a des aléas auxquels nous ne nous attendons pas.
Je conseille à quiconque qui veut s’engager dans la parentalité notamment celle LGBTQIA+ d’écouter deux podcasts : “Les enfants vont bien” tenu par Constance Démettre et “Bliss stories” tenu par Clémentine Galey, de lire les guides de la PMA de Léa Cayrol ainsi que suivre son compte @leacr et celui de @demande_a_tes_meres. Tous ces contenus sont de vraies bibles du parcours PMA, ils m’ont accompagné, répondu et préparé à la parentalité. Et évidemment, il faut se faire confiance et s’écouter car un parcours ne fait pas l’autre. Il y a une grande communauté sur Instagram, par exemple, on y trouve beaucoup d’aide, il faut toutefois rester vigilant.e.s car le bonheur de certain.e.s peut être très douloureux quand notre parcours est difficile.
Pourquoi t’engages-tu dans le Collectif Famille.s ?
J’ai toujours été engagée dans le milieu associatif : handicap, sportif et militantisme LGBTQIA+. Le collectif Famille.s fait sens, car il véhicule des valeurs que je partage, de rendre visible ce qu’une partie de la société souhaite invisibiliser. Je souhaite que mon fils rencontre différents types de familles, qu’il continue à élargir son esprit. Je souhaite avoir de la matière pour continuer à éduquer notre société.
Qui sont tes plus grand.e.s allié.e.s dans ton quotidien ou celui de ta famille ?
Notre famille et nos ami.e.s sont très présent.e.s pour nous. Iels ont été très soutenant.e.s et très fièr.e.s de nous voir nous unir et mettre au monde Ambroise.
Que dirais-tu à ceux qui veulent s’engager pour soutenir nos familles ?
Nous existons, nous sommes de belles familles, peu importe notre configuration. Nous sommes vos voisin.e.s, nous sommes les parents des ami.e.s de vos enfants, nous sommes vos agents administratifs, vos chercheurs.ses, vos infirmièr.e.s, vos plombièr.e.s, vos collègues. Bref, nous sommes la société, c’est ça qui la rend belle car nous sommes toustes singulièr.e.s. Merci, ensemble nous irons loin !
De quoi rêves-tu pour demain ?
Que TOUTES les familles soient considérées comme il se doit et que la prochaine loi bioéthique les inclut toutes. Mais également qu’il n’y ait plus besoin d’associations car tout le monde s’en fichera de ce qui se passe chez les autres.