EMMA, trois fois donneuse d’ovocytes au Canada (français & anglais)

par | 3 Nov 2025 | Allié.e.s, Famille.s, Témoignages | 0 commentaires

L’entretien a été traduit de l’anglais.

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Emma : trois fois donneuse d’ovocytes au canada

« Donner son sang, c’est sauver la vie d’une personne. Donner ses ovocytes, c’est changer la vie d’une personne. »

Qui es-tu et peux-tu nous dire ce qui t’a amenée à devenir donneuse d’ovocytes ?

Je m’appelle Emma, j’ai 30 ans et je viens d’Ottawa, en Ontario, au Canada.

Au départ, je me suis lancée dans le don d’ovocytes parce que ma mère était femme porteuse. Elle s’est lancée dans ce domaine et m’a permis de savoir que c’était possible. Je crois que j’avais 20 ans la première fois que j’ai donné mes ovocytes, et depuis, je l’ai fait trois fois au total. Aujourd’hui, j’ai un partenaire, nous sommes ensemble depuis un an maintenant. Mais au moment où j’ai fait mon premier don, j’étais célibataire.

Ma mère m’a simplement ouvert les yeux sur le fait qu’il y avait des gens qui en avaient vraiment besoin, qu’une jeune femme pouvait se porter volontaire pour faire ce don et qu’ainsi, ils pourraient eux aussi fonder une famille. J’ai trouvé cela très stimulant et je me suis inscrite immédiatement.

Que signifie pour toi le don d’ovocytes, tant sur le plan pratique qu’émotionnel ?

Je suis donneuse d’organes enregistrée et j’ai donné mon sang. Le don, c’est donc quelque chose de naturel pour moi. Je pense que tout le monde mérite d’avoir une famille, donc si je peux aider quelqu’un à y parvenir, c’est vraiment une belle chose.

Sur le plan émotionnel, c’est merveilleux de pouvoir voir l’enfant grandir. Guillaume et Julien m’envoient régulièrement des nouvelles. Cela me réchauffe le cœur de voir cette petite famille grandir ensemble.

Les deux premières fois où j’ai fait un don, c’était de manière anonyme. Je n’ai donc malheureusement aucune information ni aucune nouvelle, mais cela ne me dérange pas. Je l’ai fait pour donner à des gens la possibilité d’avoir une famille, pas pour des raisons personnelles. C’était leur choix et je le respecte totalement. Mais je suis ouverte à l’idée que l’enfant veuille me rencontrer lorsqu’il aura 18 ans.

Comment s’est déroulé le processus de don, depuis ta décision initiale jusqu’à la procédure proprement dite ?

C’était intéressant, car il faut d’abord passer un examen médical général, avec des tests et de nombreuses analyses sanguines. C’est pour vérifier que vous êtes apte, que vous n’avez pas de problèmes cardiaques ou autres.

Le processus proprement dit, le prélèvement des ovules, est assez intense, pour être honnête. Il faut subir de nombreuses piqûres et prendre beaucoup de médicaments. C’est assez douloureux et cela a des répercussions sur votre corps. Il faut compter deux semaines entre le début du processus et le prélèvement. C’est exigeant pour un don.

En fait, j’ai peur des aiguilles, je déteste ça ! Comme je l’ai dit, je donne aussi mon sang, même si j’ai très peur des aiguilles, je le fais quand même. C’est juste un petit moment où vous êtes mal à l’aise. En donnant votre sang, vous pouvez sauver la vie de quelqu’un, et en donnant vos ovules, vous pouvez changer la vie de quelqu’un. Je pense donc que cela en vaut la peine au final. Mais cela peut certainement être intimidant pour quelqu’un qui a peur des aiguilles ou des procédures médicales.

Comment tes amis et ta famille ont réagi à ton choix ? As-tu reçu du soutien, des critiques ou des questions curieuses ?

Honnêtement, je n’ai reçu que du soutien et de l’admiration, en particulier de la part de mes amis du même âge. « Waouh, je n’arrive pas à croire que tu aies fait ça, c’est trop cool. » Quant à ma famille, tout le monde m’a beaucoup soutenue. Mes amis ont évidemment beaucoup de questions, comme « ça veut dire que tu es la mère de l’enfant ? ». C’était plutôt sain de pouvoir aborder ce sujet afin que les gens comprennent mieux comment fonctionne ce process avec femme porteuse et don d’ovocytes. Cela permet de briser certains préjugés liés à ce sujet et a permis d’ouvrir le dialogue avec des personnes qui n’auraient probablement jamais eu ce genre de conversation autrement.

Y a-t-il quelque chose que tu aimerais dire aux personnes qui s’intéressent au don d’ovocytes ou qui envisagent de le faire elles-mêmes ?

Je dirais que cela a été une expérience très enrichissante, tant pour les dons anonymes que pour les dons non anonymes.

C’est extrêmement gratifiant de savoir que vous avez un impact sur la vie de quelqu’un, même si vous ne le connaissez pas et qu’il ne vous connaît pas. Je pense que cela en vaut vraiment la peine. Mais ce n’est pas quelque chose à faire à la légère car c’est un processus très intense, qui a des répercussions sur votre corps. Mais si vous êtes quelqu’un qui souhaite le faire, n’hésitez pas. C’est une occasion unique dans une vie de vraiment changer la vie de quelqu’un d’autre.

Quel était ton rôle dans le processus vers la parentalité (femme porteuse) de Guillaume et Julien ?

C’est pendant le don que nous avons commencé à discuter, puis nous sommes restés en contact par e-mail. L’année dernière, je suis allée en France et j’ai pu leur rendre visite et les rencontrer, ce qui a été une expérience formidable. Ma mère et ma sœur ont également pu les rencontrer. C’était comme si deux familles se réunissaient. Je leur ai également rendu visite lorsqu’ils sont venus au Canada, c’était très sympa.

Un dernier mot ?

Même dans le cadre d’une famille traditionnelle, la situation peut être très complexe. Il existe de nombreuses structures familiales différentes, même si l’on suit un parcours « normal ». L’essentiel est d’être ouvert et honnête avec les enfants dès le début. Il faut leur dire exactement qui est qui et comment ils sont venus au monde. Cela fera partie de leur quotidien. Je pense donc qu’un don connu (non anonyme) est une excellente chose. Les enfants nés d’une femme porteuse se posent des questions sur qui je suis et d’où je viens. Il faut garder le dialogue ouvert dès le début afin que cela ne devienne pas un problème plus tard, lorsqu’ils deviendront adolescents ou qu’ils s’affirmeront. Il vaut mieux les laisser poser des questions et y répondre. Laissez-les faire ce cheminement par eux-mêmes.


Emma – three times as an egg donor in Canada

“In terms of blood donation you can save someone’s life, in terms of egg donation you can change someone’s life.”

Could you introduce yourself briefly and tell us what led you to become an egg donor?

I am Emma, I am 30 years old and I am from Ottawa, Ottario, Canada.

I originally got involved in an egg donation, because my mother was a surrogate. She got into that area and let me know that there was a possibility.

I think I was 20 the first time I donated my eggs, and I have done it 3 times in total.

She just kind of let me know that there were people that really needed it, a young woman to  step up and do that donation for them so that they could have a family as well. I thought that that was super exciting and wanted to be a part of it. I signed up right away.

(I have a partner, we have been together for a year now. At the time when I first donated I was just single then.)

What does donating your eggs mean to you — both practically and emotionally?

I am a registered organ donor, I have donated my blood. It is kind of natural. Some people need this thing, I am not using it currently, so I can give that away.

I do… everyone deserves to have a family so if i can help somebody get there, that is a really beautiful thing.

Emotionally, it’s wonderful being able to watch the child growing up. Guillaume and Julien send me updates all the time. It really warms my heart just to see the little family growing together.

The first two times I donated were anonymous donations. So unfortunately, I don’t have any information or updates and those, which is also fine. That was their choice and I totally respect that. I am open if the child wants to meet me, when they turn 18. If not that’s ok too. I did it to give the opportunity to people to have a family, not for my own kind of reasons.

What was the donation process like, from your first decision to the actual procedure?

It was interesting because first you do a general health check-up, like testing, a lot of blood work. To check that you are kind of qualified, that nothing hearts you or anything like that. That was fine.

The actual process, the ovum harvesting, is quite intense to be honest. You have to get a lot of needles and medication. That is kind of painful and it takes a toll on your body. It just takes 2 weeks from the beginning of the process to the harvesty. That’s good but it’s definitely a lot for a donation.

I am actually afraid of needles, I hate it. I think if you are the kind of person who can push through that fear, as I said I donate blood too, even though I am terrified of needles. I do it anyways. It’s a small blipping time  when you are a little bit uncomfortable. In terms of blood donation you can save someone’s life, in term of egg donation you can change someone’s life. So I think it’s worth it in the end. But it can be intimidating for sure for someone who is scared of needles or medication procedures.

How did your friends and family react to your choice? Did you receive support, criticism, or curious questions?

Honestly I receive nothing but support and admiration, especially from my friend my age. “wow i cant’ believe you have done that, it’s so cool”. With my family, everyone was super supportive. My friends definitely have a lot of questions, like “does that mean you are the kid’s mom?”. It was kind of nice to be able to open up that conversation, so that and give people a better understanding of how surrogacy works and egg donation works. Kind of break down some stigmas attached to that industry. It really just opened the conversation for people who probably would never have had this kind of conversation otherwise.

Is there anything you’d like to say to people who are curious about egg donation, or who might be considering it themselves?

I would say it’s been a very fulfilling experience, both the anonymous donations as well as the known donation. It’s extremely fulfilling to know that you have an impact on someone’s life even if you don’t know them and they don’t know you. I think it’s very worth it. It is not something to do lately. It can be a very intensive process, it does take a toll on your body. But if you are someone who wants to do that, definitely go for it. It’s kind of a once of a lifetime opportunity to really make a difference in someone else’s life. I think that’s incredible.

What was your place in surrogacy with Guillaume and Julien ?

CIt was during the donation that we started to be in contact and chat and we’ve been in touch by email. Actually last year I went to France and I was able to visit with them and meet them which was a super handsome experience. My mum got to meet them as well and my sister. That was like bringing two families together. And I also visited them when they came to Canada, it’s very fun.

Last word ?

Even with normal family making, there can be a lot of complexity, there is a lot of different family structure that you can have even if you do things in a “normal” way. The main thing is to be open and honest with the children from the beginning. Tell them exactly who is who, and how they came to be born. That’s gonna be their normal. So I think a known donation is a great thing. The kids who are born in surrogacy have questions: who I am and where I come from. You keep the conversation open from the beginning so that it does not become a struggle down the road when they become teenagers or put themselves out. It’s best to be open and honest and let them ask questions and answer their questions. Let them take that journey for themselves.

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